La croisière se démocratise, cela est établi. En effet, moyennant quelques centaines d’euros, il est désormais possible de profiter d’une croisière d’une semaine : bienvenue dans le monde de la croisière pas chère ! Mais comment se compare-t-elle à la croisière de luxe, une ode à l’exclusivité et l’excellence, où le confort se la dispute à la luxure ? Ce que nous allons découvrir dans la suite vous aidera peut-être à faire un choix dans la sélection de votre compagnie de croisière

Croisières pas chères : que cachent-elles vraiment ?

Plantons le décor : navire de 300 mètres de long, décoration baroque, cabines avec balcon sur mer, restaurant sur le pont avec nappes et dorures (tenue correcte exigée !) … Bienvenue dans l’univers de la croisière « pas chère », proposée par un géant italien de la croisière grand public. A priori, le décor que nous venons de planter a de quoi séduire, d’autant plus que les prix suivent. Tout part d’une promesse particulièrement alléchante : démocratiser la croisière, un plaisir autrefois réservé aux plus nantis. Ce n’est visiblement plus le cas…

« Le nombre total de passagers est passé en dix ans de 15 à 25 millions, et l’âge moyen, de 46 ans, continue de baisser », explique le président France de l’Association internationale des compagnies de croisières, Erminio Eschena. Le constat se confirme à bord de ces croisières, où l’on observe désormais un melting pot de nationalités, mais aussi de tranches d’âge, des retraités aux jeunes couples, en passant par les familles avec enfants. Il faut avouer qu’il est particulièrement difficile de résister à des tarifs aussi bas… Prix du billet ? A partir de 475 euros, pour 7 jours et 6 nuits à bord, dans une cabine sans fenêtre mais confortable. Et au prix de 70 euros par jour, vous avez accès à une panoplie d’animations et à trois vrais repas par jour ! C’est à se demander comment font-ils pour proposer des tarifs aussi bas. Perçons le secret du business model de ces croisières « pas cher » !

Coûts agressifs, encouragement à l’achat des extras à bord

C’est le premier secret de ces croisières pas chères : des coûts de fonctionnement limités au minimum, couplés à une organisation minutieuse dans le seul but de pousser les passagers à s’offrir un maximum d’extras à bord. Mais pour que la formule « prenne », il faut impérativement avoisiner un taux de remplissage de 100 %, le seul moyen d’amortir les frais fixes. Et des frais fixes, il y en a : 600 000 euros le plein de fioul pour deux semaines ! Vous en conviendrez, ce n’est pas rien… Il est toutefois utile de rappeler que ces géants de la croisière grand public achètent du fioul en masse pour leur flotte, ce qui va naturellement tirer les prix d’achat vers le bas. Pour autant, il faut tout de même que les navires affichent complets, ou presque, pour dégager du bénéfice. La clé ? A l’instar des compagnies aériennes, les compagnies de croisières pas chères appliquent les principes et utilisent les outils de yield management. Elles vont aussi reposer sur un réseau d’agences de voyages pour adapter leurs offres tout au long de l’année et maximiser ainsi les ventes.

Il faut bien avouer que ça marche ! La preuve en chiffres : sur une croisière en particulier appartenant à un mastodonte italien, on comptait 2 658 passagers sur 2 680 de capacité, un beau taux de remplissage ! Encouragée par ses pratiques particulièrement efficaces, la compagnie italienne a même « osé » mettre à flots les deux plus grands paquebots du monde, affichant une capacité de 6 000 passagers ! Là encore, la seule façon de dégager des marges réside dans l’« agressivité », notamment des temps d’escale réduits au minimum, les partants devant libérer leurs cabines à 9h du matin pour laisser entrer les nouveaux passagers. Pour couronner le tout, le navire est quasi constamment en mer, ne se reposant en cale sèche que deux à trois semaines par an, l’occasion de mener quelques travaux d’entretien et de décoration.

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Des économies d’échelle

L’autre gros poste budgétaire d’une croisière pas chère ? La nourriture à bord ! Nous vous le disions, les passagers se voient servir 3 repas par jour, sans oublier le goûter. Au choix, ces derniers peuvent opter pour le buffet à volonté, particulièrement varié et pratique, ou alors pour le restaurant avec service à table. Ils ont même droit à un menu gastronomique à l’occasion du dîner de gala du commandant, avec risotto aux champignons, coquilles Saint-Jacques au four… C’est loin d’être un repas de « rêve », mais ça reste largement acceptable. Et le meilleur dans tout ça ? Le coût du repas par passager ne dépasse pas les 6 euros !

Comment ces compagnies parviennent-elles à limiter autant les coûts ? C’est simple, grâce aux économies d’échelle liées à l’achat en masse ! Et pour réduire davantage ces coûts, tout ce qui peut être « fait maison » est préparé à bord des navires, notamment les viennoiseries, les steaks détaillés par les bouchers… Mais le véritable secret des compagnies de croisières grand public est de vous tenter ! Au-delà du tout inclus, tout est fait pour vous pousser à consommer les articles hors forfait, particulièrement tentants : glaces, crêpes, pizzas, burgers… C’est aussi le cas des boissons, non incluses dans le prix du billet, et qui peuvent rapidement faire grimper la facture au restaurant du navire. On peut toutefois opter pour le forfait boisson à la semaine, qui permet de profiter à volonté des bars du navire, moyennant environ 200 euros par personne.

Encore une fois, les compagnies ont tout prévu. Exemple : si le cocktail au gin, vendu environ 8 euros, est préparé avec un gin de la marque Bombay Sapphire, celui inclut dans le forfait boisson l’est avec un gin « maison », forcément moins cher. Et que dire de l’eau ? Certes, l’eau courante (eau de mer traitée) est potable, mais elle ne se compare en rien à l’eau en bouteille, vendue près de 3 euros, et dont il s’écoule, sur certains navires, plus de 10 000 bouteilles par semaine.

Maximiser les dépenses à bord

Vous l’aurez certainement compris à ce stade, les compagnies de croisières grand public et low cost comptent énormément sur les dépenses en extras à bord pour dégager des bénéfices. Outre la nourriture et les boissons, cela concerne aussi les animations et les activités à bord… Si l’accès à la piscine ou encore à la salle de gym est gratuit, il faudra toutefois débourser quelques euros pour aller au spa, qui coûte assez cher (près de 140 euros pour 75 minutes de massage et un soin du visage) et qui ne désemplit pas les jours où le navire ne touche pas terre. C’est bien entendu également le cas du casino, qui affiche souvent complet, attirant les passagers à coup de machines à sou et de roulettes, accessibles en eaux internationales. Sans oublier le shopping en mode « duty free », qui occupe une large place sur le paquebot. Pour couronner le tout, Internet, fourni par satellite, est payant, moyennant 5 euros les 24 heures pour un accès aux réseaux sociaux. Sans surprise, les jeunes n’y résistent généralement pas…

En outre, il y a aussi les escales, et leur panoplie d’excursions payantes organisées par la compagnie. De quoi gonfler les caisses de cette dernière, elle qui se montre particulièrement agressive dans ses efforts de commercialisation, souvent immédiatement après la remontée à bord après… une excursion !

Des salaires bas

C’est là l’autre « secret » des compagnies de croisières pas chères : une main-d’œuvre… disons… abordable. Il faut savoir que ce coût est central pour les armateurs, car il faut pas moins de 800 membres d’équipage pour faire fonctionner un navire de croisière de 2 800 passagers. Mais ils ont trouvé la combine : une main-d’œuvre essentiellement asiatique (Philippines, Indonésie, Inde…), recrutée en contrat marin de 6 à 9 mois, pour des journées de travail de 11 à 13 heures par jour, sans jour de repos ! Coût ? Un salaire plancher de 400 dollars US par mois pour un serveur au buffet ! Certes, c’est le double du salaire moyen philippin (200 dollars), mais c’est moins d’un dollar par heure de travail.

Les choses sont un peu mieux pour les femmes de ménage, qui gagnent 600 dollars par mois, pour les plus expérimentées d’entre elles. Mais chaque femme de ménage doit nettoyer 25 cabines, deux fois par jour ! Un manager de restaurant, pour sa part, peut espérer gagner 900 dollars par mois. L’envers du décor ? Les compagnies retiennent 30 % des salaires nets chaque mois, une sorte de sécurité pour décourager les membres de l’équipage de rompre leurs contrats avant leur terme, auquel cas ils ne recevront pas les sommes retenues à la source.

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475 euros la croisière, comment est-ce possible ?

7 jours / 6 nuits en pension complète à bord pour 475 euros, vous en rêviez ? Eh bien c’est possible, mais à quel prix ? Et, surtout, comment ces compagnies de croisières grand public font-elles ? Nous nous sommes déjà penchés sur quelques-unes de leurs pratiques agressives pour tirer les coûts vers le bas, et maximiser les dépenses à bord des passagers. Quoi d’autre ? Partons à la découverte des coulisses de cette véritable « prouesse » logistique et financière…

Rediriger les passagers vers le buffet, moins coûteux pour la compagnie 

Envie d’un repas assis à la carte au restaurant ? Vous aimez vous faire servir dans un cadre feutré ? Eh bien vous n’êtes pas le seul ! Pour s’attabler au restaurant du navire, il faut souvent faire une queue interminable, car il ne peut accueillir tous les passagers. Du coup, la compagnie a mis en place un buffet, qu’elle aimerait bien vous voir assaillir, car il lui coûte moins cher !

L’économie d’échelle au buffet 

Coût du repas par passager à bord ? Moins de 6 euros ! Nous vous le disions, c’est grâce aux économies d’échelle induites par l’achat de nourriture en masse que les compagnies gardent la main sur leur coût de nourriture. C’est ainsi que vous pouvez profiter des viennoiseries le matin, des sushis le soir et d’un buffet à volonté.

Efficacité et rigueur dans le nettoyage 

Tous les jours, les femmes (et hommes) de ménage du navire nettoient les cabines, à deux reprises, matin et soir. Nous vous le disions, chaque femme de ménage a 25 cabines à sa charge, raison pour laquelle elle ne passe pas plus de 15 minutes par cabine, toujours dans une optique d’optimisation.

Des photos souvenir vendues une quinzaine d’euros l’unité 

Envie d’une photo souvenir avec le commandant ? Elle vous coûtera une quinzaine d’euros, une marge confortable pour la compagnie de croisières pas chères.

Les boissons payantes 

Le billet pour une croisière pas chère n’inclut généralement pas les boissons. A la place, la compagnie vend des bouteilles d’eau minéral à bord pour 3 euros, et proposent des forfaits boissons à la semaine (200 euros généralement) ou encore des packs.

Des shows récurrents pour maîtriser les coûts

Le divertissement à bord ne coûte pas plus cher d’une semaine à l’autre, car ce sont les mêmes shows qui se répètent à une cadence hebdomadaire. A ce propos, une grande compagnie italienne a eu l’ingénieuse idée d’organiser sa propre version de « The Voice », ce qui se traduit par un spectacle réutilisable qui fait chanter les passagers, l’animation étant elle confiée à la directrice de croisière. Une leçon d’optimisation des coûts de divertissement !

Casino, le jackpot pour l’armateur !

Saviez-vous que 25 % des recettes de l’armateur viennent du casino du paquebot ? Sans surprise, celui-ci est stratégiquement positionné, précisément à l’endroit le plus passant du navire.

Des excursions à 55 euros

Les excursions organisées à chaque escale sont une véritable mine d’or pour l’armateur, d’autant plus qu’elles connaissent un grand succès. Prix ? Comptez entre 30 et 55 euros par personne, souvent pour un tour en bus de 2 à 3 heures.

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Croisières de luxe : le sur mesure s’invite en mer !

On entre dans un autre univers, tout en luxure et confort, avec un seul mot d’ordre : l’excellence ! Oui, la croisière se démocratise, devenant de plus en plus accessible à toutes les bourses, et cela s’applique aussi au segment premium du marché. Certes, il serait assez difficile, voire impossible, de trouver une croisière de luxe pas chère, mais les prix ont tendance à baisser, sans oublier les promotions régulières des compagnies.

Au programme : service 5 étoiles, gastronomie fine, équipage aux petits soins, service personnalisé, attention de tous les instants, ambiance intimiste, expéditions aux quatre coins du monde… Que ne pas aimer dans une croisière de luxe ? Vous embarquez dans des navires à la pointe de la modernité, avec un véritable cachet, une personnalité, une atmosphère authentique, feutrée et raffinée. Bref, tout est pensé pour choyer les passagers, tous les passagers, peu importe l’endroit du monde où l’on se trouve, en leur offrant une expérience de voyage unique. Certaines compagnies, particulièrement audacieuses, vont jusqu’à prolonger l’art de vivre à la française sur les océans, à coup de gastronomie rivalisant avec les restaurants étoilés, et un service à faire pâlir les hôtels classés.

Un hébergement 5 étoiles en haute mer

Vous rêviez de profiter de toute la luxure d’un hôtel 5 étoiles en haute mer ? Les compagnies de croisières de luxe l’ont fait ! A bord d’un navire de prestige, point de cabines intérieures tristounettes, mais plutôt des suites avec vue sur l’océan (pour la plupart), et la majorité des cabines ont un balcon ! Que vous naviguiez en Alaska, à Hawaï, dans les Caraïbes ou en Polynésie française, vous apprécierez certainement d’avoir un accès à l’extérieur depuis votre cabine pour profiter des paysages à couper le souffle.

Aux petits soins, ces compagnies haut de gamme pensent souvent à tout, jusqu’aux jumelles placées dans le tiroir de la commode de votre cabine, histoire de mieux profiter de la vue ! Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres sur la manière dont les croisières de luxe tentent de dépasser vos attentes… Ce n’est pas tout : quasiment tous les navires de luxe proposent des cabines et des suites généralement assez spacieuses et dotées de commodités telles qu’une coiffeuse avec miroir grossissant, une baignoire et une douche complètes dans une salle de bain souvent en granit ou en marbre, des rideaux occultants et des articles de toilette haut de gamme, provenant de marques premium (Bulgari, L’Occitane, Ferragamo…).

Place à la gastronomie fine

Oubliez le « food cost », ici, l’attention de l’armateur n’est pas sur le coût, mais sur la qualité, l’excellence. A bord d’un navire de luxe, la gastronomie est fine, subtile, haut de gamme, élevée au rang d’art chez certaines compagnies qui en font un véritable argument de vente. Et pour créer des expériences gastronomiques mémorables, beaucoup de compagnies de croisières de luxe ont fait le choix de s’associer à des chefs étoilés, notamment Alain Ducasse et d’autres chefs de renommée internationale. Au-delà des chefs célèbres, vous trouverez des maîtres d’hôtel incroyablement accommodants qui se feront un plaisir de répondre à vos demandes, même les plus excentriques. Il suffit de donner un petit temps d’avance au chef pour qu’il vous concocte un repas sur mesure, selon vos préférences.

Cette logique de partenariat fait mouche, les compagnies de croisières de luxe s’associant souvent à des enseignes prestigieuses au savoir-faire reconnu, notamment pour le caviar, le champagne, les thés, le beurre, les macarons… Objectif : sublimer vos instants dégustation, accompagnés des plus grands crus français et internationaux !

Un service aux petits soins

Vous l’aurez compris à ce stade, les croisières de luxe sont avant tout synonymes de service attentionné, sur mesure. Là encore, les compagnies y mettent les moyens : au-delà du nombre de passagers volontairement réduit pour une ambiance intimiste et un service personnalisé, elles recrutent des équipages triés sur le volet et s’occupent, pour la plupart, de les former à la culture et aux standards de la compagnie. Le mot d’ordre ? Anticiper les attentes des passagers, être à leur service tout en se faisant discret.

Qu’il s’agisse de faire couler un bain avant votre retour d’excursion ou de nettoyer vos chaussures de ville le matin d’une soirée de gala, ces tâches sont prises en charge de manière proactive, parfois sans même que vous n’ayez à le demander ! Et puis rappelons que les navires de luxe accueillent un petit nombre de passagers, l’idée étant de vous faire profiter d’une atmosphère feutrée, à la manière d’un yacht privé, et le service qui va avec…

Les boissons sont gratuites !

Oubliez les forfaits boissons et les bouteilles d’eau minérale vendues à 3 euros l’unité, à bord d’un navire de luxe, les boissons sont le plus souvent gratuites, et pas que l’eau ! En effet, vous avez droit à un large éventail de boissons alcoolisées ou non, de cafés de qualité supérieure ou encore de thés finement sélectionnés, que ce soit au bar, au restaurant ou même dans votre cabine. Tout est inclus dans le prix du billet, sauf, bien sûr, les demandes spécifiques du passager. Car il se peut que vous ayez des goûts spécifiques lorsqu’il s’agit de champagne par exemple, auquel cas l’équipage sera heureux de répondre à vos exigences moyennant paiement d’un extra.

Partez à l’exploration du globe dans toute sa splendeur

C’est ce que vous proposent les croisières de luxe : des destinations exclusives, à la découverte des joyaux de notre planète ! Cocktail en main, naviguez vers l’exotisme enchanteur de la Polynésie française, les eaux cristallines des Caraïbes, ou encore le charme intemporel de la Méditerranée. Au choix, laissez-vous tenter par les eaux turquoises des îles grecques qui invitent à la détente, ou explorez le littoral italien et profitez d’escales exclusives dans des endroits rarement accessibles.

Vous êtes plutôt aventurier dans l’âme ? Les compagnies de croisières de luxe vous ouvrent la voie du continent blanc de l’Antarctique, à la découverte de paysages glacés tout bonnement époustouflants, et d’une faune exclusive à cette terre sauvage. In fine, une croisière de luxe n’est pas seulement une manière de voyager, c’est l’art de découvrir le monde avec élégance et exclusivité, où chaque destination se révèle être une nouvelle promesse d’émotions et de découvertes !