Les hôteliers d’Île-de-France font face à une augmentation inattendue (et significative !) de la taxe de séjour, révélée dans le projet de loi de finances (PLF) 2024. A compter du 1er janvier, cette taxe va tripler, une mesure destinée à financer le développement de nouvelles lignes de transports publics. Les représentants des organisations professionnelles du secteur hôtelier s’élèvent d’une seule voix contre cette décision, particulièrement critique en cela qu’elle affectera de manière disproportionnée les établissements à tarifs plus abordables. Le point sur le sujet avec Stayforlong !

Vives réactions des hôteliers franciliens au triplement de la taxe de séjour

Face à l’augmentation significative de la taxe de séjour, les réactions des acteurs hôteliers en Île-de-France ne se sont pas fait attendre. Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), et Jean-Virgile Crance, président du Groupement national des chaînes hôtelières (GNC), expriment leur frustration : « Les dés étaient pipés dès le départ. Il faut enrayer cette habitude qui consiste à ponctionner les touristes pour financer les schémas de transports régionaux ». Cette taxe, prélevée par les hôteliers auprès de leurs clients et reversée aux collectivités, devrait générer 200 millions d’euros pour financer les extensions des lignes de métro et RER, ainsi que le Grand Paris Express.

En octobre, le Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR) a communiqué à Elisabeth Borne son opposition totale à cette mesure. Cependant, dès janvier, la taxe de séjour augmentera, passant de 1 euro à 3 euros par personne dans un hôtel 1 étoile, et de 5 euros à 15 euros dans un palace. Philippe Villin, propriétaire du groupe hôtelier Libertel, souligne l’absurdité de cette augmentation : « Elle représentera 20 % du prix de la chambre d’un hôtel 3 étoiles à 60 euros. Alors que, pour un palace à 3 000 euros, ce sera 1 %. On se paie notre tête avec un impôt dément qui ne repose sur aucune étude. Il n’y a aucune raison que les hôteliers paient pour les transports publics ». Le GHR prévoit un impact désastreux, en particulier pour l’hôtellerie économique jusqu’à 3 étoiles. Franck Trouet, son délégué général, déplore : « Pour une chambre à 100 euros, l’hôtelier va devoir collecter autant de taxe de séjour que de TVA », anticipant une hausse des prix et une baisse de la fréquentation.

Subvention déguisée ?

Dans le débat sur l’augmentation de la taxe de séjour, le syndicat hôtelier avait proposé une hausse différenciée : 200 % pour les palaces, 100 % pour les hôtels 1 étoile et 130 % pour les 3 étoiles. « Une alternative mieux dimensionnée et plus égalitaire », selon Franck Trouet. A sa grande surprise, cette proposition a été rejetée par Île-de-France Mobilités, malgré une ouverture exprimée par l’entourage de Valérie Pécresse pour une approche proportionnelle. « Malheureusement, il manquait 50 millions, le gouvernement ayant refusé de taxer les Airbnb », indique une source proche du dossier.

Face à cette situation, le GHR demande un report de l’application de cette taxe additionnelle au 1er mars, pour donner aux hôteliers le temps de s’adapter. Philippe Villin envisage de saisir la Commission européenne, considérant que « le triplement de la taxe de séjour est une subvention déguisée à Île-de-France Mobilités, qui pourrait être requalifiée en aide d’état ». Dans l’éventualité où la collectivité contesterait le non-paiement de la taxe par des hôteliers, il n’exclut pas de soumettre une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) au Conseil constitutionnel, arguant une rupture d’égalité devant les charges publiques.